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L’HONNEUR DE LA TORAH

Par Michel Baruch

בינו עמי עשו
לשם יחוד קודשא בריך הוא ושכינתיה
תנו כבוד לתורה ולומדיה
לעילוי נשמת דוד בר אסתר ז”ל איש יקר וישר שנחטף מאיתנו

L’HONNEUR DE LA TORAH

Nos maitres soulignent de nombreuses fois l’importance d’honorer la Torah comme il se doit.
Mais en quoi consiste cet honneur ?
Nos sages disent dans la Guémara : Combien sont sots ces gens qui se lèvent devant le Séfer Torah et restent assis devant un Sage ! Makot 22b. De cet enseignement il ressort que se lever devant les Sages est plus important que devant un Séfer Torah
Cependant la Guémara Kidouchin 33b pose la question : Doit-on se lever devant le Séfer Torah ? Répondent les maitres, devant les érudits (ceux qui se consacrent à son étude לפני לומדיה) il y a une obligation de se lever devant la Torah elle-même à plus forte raison ! Ici il semble que l’honneur du à la Torah est préférable à celui que l’on doit aux sages.
Le Ran (Kidouchin page 14b Rif) répond à cette contradiction au nom des Tossaphot, l’obligation de se lever devant le Séfer Torah n’est qu’une déduction du devoir de se lever devant ceux qui se consacrent à l’étude. Voir aussi 1ere réponse du Ran.
L’honneur que nous devons à la Torah, celui que nous faisons au « Livre » n’est que le dérivé de l’honneur que nous devons aux Maitres à ceux qui étudient. Ce sont eux qui détiennent le savoir, qui nous enseignent la connaissance, qui nous permettent d’accomplir les Mitsvot.
Il est évident que sans l’enseignement des maitres aucune Mitsva ne serait applicable. Ce sont ceux qui se consacrent à l’étude qui par leur savoir transmettre l’honneur de la Torah.
La Michna dit que Rabbi Akiva représentait l’honneur de la Torah, il savait expliquer la raison de chaque lettre, chaque couronne sur les lettres. Il montrait ainsi que chaque détail de la Torah possède un sens profond rien n’y est vain. Sottah 49a voir Rachi.
Une voix céleste se fait entendre jour après jour, elle se propage du Mont Sinaï et déclare : Prenez garde créatures de l’affront que vous faites à la Torah ! Maximes ch 6.
De quelle offense s’agit-il ? Il s’agit de l’humiliation que supporte la Torah conséquence du mépris involontaire des hommes à son égard.
En effet quand certains n’étudient pas, ne s’intéressent pas aux textes, cela signifie que la Torah n’a pas suffisamment de valeur pour qu’on s’en soucie, pour qu’on fasse l’effort de la comprendre, de la connaitre.
Chacun doit s’interroger, suis-je concerner par la Torah? Est-elle pour moi une réelle préoccupation ? Ai-je vraiment le souci de la grandir et de la choyer ?
Bien qu’il est manifeste que cette attitude soit involontaire et même inconsciente cela reste un terrible affront malheureusement.
Il est dit « l’Eternel Ton D Tu craindras »,את ה’ אלוקיך תירא. Le mot « Eth » est superflu comme chaque fois qu’il est employé il vient ajouter. Ici nous dit Rabbi Akiva, il vient inclure les érudits que nous devons « craindre » comme le Seigneur. Péssahim 22b.
De même quand le texte du « Chéma » dit « tu aimeras l’Eternel Ton D » ici aussi le mot « Eth » vient rajouter les Erudits, qu’il faut aimer, soutenir et encourager de tous notre être, de tous nos moyens.
La synagogue est un Sanctuaire que nous devons honorer et craindre, c’est le lieu duquel s’élèvent nos prières vers le Tout Puissant. La Présence de la Ché’hina y réside comme cela était le cas dans le Temple. Béra’hot 6a.
Il est dit : Éternel se révéla à lui dans les plaines de Mamré, tandis qu’il était assis à l’entrée de sa tente, pendant la chaleur du jour. Rabbi Béra’hya au nom de Rabbi Lévy dit, Avraham voulu se lever et le Saint Béni Soit Il lui dit : Reste assis, tu es l’exemple pour tes enfants qui dans les synagogues et les maisons d’étude sont assis et Moi Je Me tiens au-dessus d’eux, comme dit le verset : D-ieu se tient dans l’assemblée divine; au milieu des juges, il juge. L’assemblée est assise et Lui se tient debout. Béréchit Rabah 48,7. Voir Yalkout Téhilim 82.
Ces prières quotidiennes qui remplacent les Sacrifices offerts sur l’Autel d’Ha-Chem à côté duquel se trouvait le Sanhédrin. Béra’hot 26b. Cette assemblée composée des 70 Sages détenteurs du « Savoir » qui illuminaient les voies d’Israël.
Cette honorable fonction incombe aujourd’hui aux Maitres, aux sages, à nos chers Rabbins, qui nous guident, nous dirigent dans la lumière de la Torah. C’est à eux que revient le privilège, la lourde charge, de s’adresser à l’assemblée d’Israël pour lui enseigner les valeurs de la Torah et des Mitsvot.
Ils sont notre phare qui éclaire le tunnel obscur de ce terrible exil, doublement tragique et oppressant, physique et spirituel.
Le prophète dit : Car les lèvres du Cohen conservent la connaissance; c’est de sa bouche qu’on réclame la Torah, car il est un Ange de l’Eternel-Tsé-baot. Malachie 2,7.
C’est ainsi que Rabbi Yohanan commente ce verset : Si le maitre ressemble à un Ange de D, on pourra lui réclamer le Savoir, et apprendre de lui, sinon on devra s’en abstenir. Moéd Katan 17a. Voir Rambam Talmoud Torah Chapitre 4 ,2.
La transmission de la Torah est bien plus que l’enseignement d’un savoir, elle est l’attachement, la liaison à cette immense chaine qui remonte à Moché qui reçoit la Parole Révélée de la bouche du Tout Puissant au mont Sinaï. Le lien qui se forge entre le maitre et son disciple est un nœud qui soude les âmes pour former un anneau de la chaine de transmission qui nous relie à la parole entendue lors du don de la Torah. Voir Maharal sur Avot.
Le cours magistral du maitre, celui du Rabbin à la synagogue, est de la même nature que le cérémonial de la lecture publique de la Torah.
L’institution de la lecture publique de la Torah concerne l’assemblée, elle est une obligation globale sur la communauté. Elle est à petite échelle la reproduction de la cérémonie du don de la Torah et son acceptation par le peuple.
Elle est le renouvèlement de l’alliance contractée entre le Seigneur et Son peuple.
Le Zohar fait un parallèle extraordinaire entre le cérémonial de la lecture de la Torah, de chacun de ses détails avec celui du don de la Torah sur le Sinaï. Voir Zohar livre 2, page 206a. Voir Tosséfta Sottah 7,17. L’avis des Sages et celui de Rabbi Yéhouda.
Cette lecture n’a de «vrai sens » que si les maitres la commentent et dévoilent au peuple la profondeur de la connaissance contenue dans le texte.
Il est dit au sujet du rassemblement du peuple lors du don de la Torah : N’oublie pas ce jour où tu étais debout en présence de l’Éternel, ton Dieu, au Horeb, lorsque l’Éternel me dit: “Convoque ce peuple de Ma part, Je veux leur faire entendre Mes paroles, afin qu’ils apprennent à Me révérer tant qu’ils vivront sur la terre, et qu’ils l’enseignent à leurs enfants. Deut 4,10-14.
Il semble ici que l’essentiel de ce cérémonial soit « l’écoute ».
Cependant il est aussi dit : Moïse fit appel à tout Israël, et leur dit: “Ecoute, Israël, les lois et les statuts que je vous fais entendre aujourd’hui; étudiez-les et appliquez-vous à les suivre. Deut 5,1.
Ici il apparait que l’écoute uniquement n’est pas suffisante et qu’il faut étudier.
Cela est explicite dans la Mitsva de Hakhel le verset dit : Convoques le peuple entier, hommes, femmes et enfants, ainsi que l’étranger qui est dans tes murs, afin qu’ils entendent et s’instruisent, et craignent l’Éternel, votre Dieu, et s’appliquent à pratiquer toutes les paroles de cette Torah.
Le Rambam ‘Hil’hot Téfila 12 ,10. Il dit: A l’époque du Scribe Ezras l’habitude fut prise qu’un sage traduise ce qui était lu dans la torah afin que la Paracha soit comprise par l’ensemble du peuple. Cette traduction se faisait verset par verset. Voir Méguila 3a. Nédarim 37b.
L’intervention du Rabbin lors des offices, en particulier le Chabbath et les jours de fêtes, n’est pas juste un discours. Cet instant où le Maitre, le guide de la communauté monte sur la Téva pour faire un Dévar Torah est le moment où se reproduit le cérémonial de la transmission de la Torah par Moché.
Le jour où fut nommé Rabbi Eléazar Ben Azaria comme Roch Yéchiva, il ouvrit son propos par le verset : Vous êtes dressés aujourd’hui, vous tous, en présence de l’Éternel, Votre Dieu: vos chefs de tribus, vos anciens, vos préposés, chaque citoyen d’Israël. Vos enfants vos femmes ect…Les hommes viennent pour entendre, les femmes ont le mérite des pas et les enfants pour le mérite de ceux qu’ils accompagnent. Massé’hét Sofrim 18,8.
Ce commentaire de Rabbi Eléazar ben Azaria le jour où il fut nommé à son poste montre bien que le rassemblement du peuple autour du Maitre lors de son « discours » est de l’ordre de celui de la lecture de la Torah par le roi. En effet ce même commentaire est rapporté dans ‘Haguiga sur la Mitsva de Hakhel .Voir Tossaphot ‘Haguiga 3a. Yérouchalmi Sottah ch 3 H 4.
Quand le ‘Hazan lit la Paracha, ce sont les paroles d’Ha-Chem qui retentissent depuis le Sinaï, que sa voix porte jusqu’à nous.
Quand après le Rabbin prend la parole, c’est la voix de Moché notre Maitre que nous devons entendre. Le rassemblement d’Israël autour du Maitre est de la même nature.
Ceux qui se permettent de sortir lors de l’intervention du Rabbin commettent un grave affront à la Torah, ils s’excluent du rassemblement, du nœud qui se rattache à la chaine de transmission. Ils offensent Moché notre Maitre qui parle, qui leurs parle de la bouche du Rabbin qui est devant eux. Nos Sages ont des mots très durs pour qualifier cette attitude. Voir Bétsa 15b.
Ce lieu d’où s’expriment les maitres, les guides, les phares d’Israël se doit d’être respecté, on doit s’y tenir avec crainte et effroi. Il n’est pas juste une salle de rassemblement il est la reproduction du sanctuaire autour duquel le peuple unifié adhère à la Parole transmise ! Voir Ch Arou’kh ch 151.
Comment doit se transmettre la Torah avec qu’elle intention pure elle doit être dispensée pour que les paroles pénètrent les cœurs et rapprochent les égarés du troupeau du Seigneur.
Prenons exemple de Rabbi ‘Hiy’a, qui accomplit une action exceptionnelle, afin que la Torah ne soit jamais oubliée du peuple d’Israël. Comme il le dit lui-même. Il alla semer du chanvre, en fit des filets pour capturer des daims. Il les égorgea et distribua la viande aux pauvres orphelins. Des peaux qu’il travailla, il en fit cinq parchemins sur lesquels il écrivit les cinq livres de la Torah. Il se fit passer pour un petit instituteur et enseigna à cinq enfants chacun un livre. Puis chaque enfant étudia avec un autre, le livre qu’il connaissait et ainsi de suite jusqu’à que chacun d’entre eux maitrise toute la Torah. Il fit de même pour les autres enseignements. Baba Métsia 85b.
La question que pose de nombreux maitres est : pourquoi a-t-il pris la peine de semer du chanvre en tisser des filets, chasser des daims et tout le reste ? N’étais-ce pas une perte de temps ? Il existait bien déjà des livres ?
La Guémara qualifie l’action de Rabbi ‘Hiy’a comme de grands actes, car pour que son projet réussisse il est nécessaire d’y mettre de la sincérité de la ferveur qu’il soit propre de toute autre intérêt que celui de la réussite pour l’honneur de la Torah. Tout ce qu’il fait, traduit l’authenticité de ses intentions, il se donne les moyens pour que le Tout Puissant dans Sa grande Miséricorde porte son projet jusqu’au succès total.
Il convient donc à chacun Selon sa position et son statut, de méditer, réfléchir sur ces actions. Avant de les accomplir bien sûr et après les avoir réalisés comme le dit le ‘Hassid Luzzato ztl dans le Méssilat Yécharim chapitre 3. Afin de corriger et de réparer les erreurs commises.
Le plus Sage des hommes dit : « Ne réprimande pas le railleur car il te haïra, reproche au Sage il t’en aimera d’avantage ». Proverbes 9,8
Il ajoute aussi « Mieux vaut une réprimande ouverte qu’une amitié qui se dérobe ». Le Gaon explique que les réprimandes ouvertes sont une preuve d’amour, ainsi qu’il est dit : celui que l’Eternel aime, Il le corrige. 3,12.
Il dit aussi « Ménager les coups de verge, c’est haïr son enfant; mais avoir soin de le corriger, c’est l’aimer ».13, 24. Il est du devoir de chacun d’essayer de corriger les erreurs, les fautes, de redresser ce qui est déformé. איש לרעיהו יאמר חזק למען יתקדש שמו ית’ על ידינו
Le Seigneur Tout Puissant Est témoin que c’est avec amour du prochain et affection sincère que nous écrivons ce texte à la Gloire de D et en l’honneur de Sa Torah et de ceux qui s’y consacrent.
Nous implorons le Seigneur Tout Puissant qu’Il agrée ces paroles et comble l’ensemble de la communauté de Ses Bénédictions.
Ha-Chem ! De Grace illumine nos voies, éclaire nos chemins, écarte les embuches devant nos pas. Que nous soyons dignes de Te Servir et de Sanctifier Ton Nom chaque jour ! Amen Sélah !

זעיר דמין חברי עפרא דמן ארעא
החותם לכבוד התורה הק’ ולומדיה
הצבא”י ע”ה מישל דוד ברוך ס”ט המכ’ תברך מפי עליון
Michel Baruch
Ce Dévar Torah est dédié à l’élévation de l’âme de notre très cher ami, le regretté David Bar Esther qui nous a été arraché subitement.
A tous ceux qui ont le cœur blessé par cette disparition, je demande d’étudier ce texte et d’en retirer un enseignement qu’ils essayeront sincèrement d’appliquer.

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